“La convergence entre les missions de sécurité et de sûreté font des Chefs de service sécurité et sûreté IGH des acteurs incontournables”
Interview réalisée au Printemps 2019
Alexandre TROSTIANSKY est consultant Sécurité Sûreté pour le compte de Foncia IPM, acteur national spécialisé dans la gérance d’immeubles d’habitations et de bureaux. Il assure à ce titre, au sein de la DICX (Direction des immeubles complexes) une activité de gestion immobilière tertiaire de grands ensembles immobiliers pour la plupart classés IGH, situés dans le quartier de la Défense mais aussi dans Paris et région parisienne. Une fonction pour laquelle il met à profit une fine expertise et sa culture du métier acquise au cours de 35 ans d’expérience en tant que Chef de service Sécurité Incendie, Building Manager et Conseiller en Sécurité et Sûreté.
LB : Quels sont les principaux objectifs d’un Consultant en Sécurité ?
Alexandre TROSTIANSKY : Mon rôle consiste à transmettre mon expérience à nos Building Managers dans des opérations complexes pour que Foncia IPM puisse garantir à ses mandants un très haut niveau de sécurité dans leurs immeubles, sans réduire le confort des locaux ni la qualité des services attendus par les locataires. Nous nous appuyons sur les compétences multiples des Chefs de service sécurité incendie SSIAP 3, présents sur le terrain ainsi que sur leur parfaite connaissance du site.
Leur rôle au quotidien est indispensable et notamment dans le travail en commun de préparation et de surveillance des travaux, l’élaboration des dossiers de demande d’autorisation à déposer en préfecture, le suivi des contrôles périodiques, la préparation des commissions de sécurité sans oublier la gestion de fonctionnement en mode dégradé. Nous sommes dans une vraie relation de travail avec les SSIAP 3, dans l’échange permanent. Ils nous accompagnent sur la plupart des sujets, ils sont ou deviennent de véritables managers techniques !
LB : Quels sont les atouts favorisant une prestation en sécurité humaine de bon niveau ?
AT : La réussite d’une prestation en sécurité repose sur 3 axes majeurs :
– Une organisation de la sécurité co-construite entre le prestataire et Foncia IPM dans un cahier des charges précis et exhaustif
– Un prestataire disponible et compétent en capacité à assurer les nouveaux métiers de la sécurité et qui peut justifier des meilleures pratiques dans chaque domaine
– Un service sécurité incendie formé à une manipulation experte des installations techniques de sécurité de l’immeuble et des conséquences prévisibles de ses actions.
LB : Avez-vous des consignes strictes à suivre en matière de sécurité, qu’en est-il de vos personnels ?
AT : Dans les IGH, les missions règlementaires du service sécurité incendie et d’assistance à personnes sont prévues par l’article R.122-17 du CCH et définies dans les articles GH 62 et GH W5 du règlement de sécurité. Il est prévu que le chef d’équipe SSIAP 2 et les agents SSIAP 1 ne doivent pas être distraits (pendant les heures d’ouverture de l’immeuble) de leur fonction spécifique de sécurité incendie, d’assistance à personnes et de maintenance technique liée aux installations de sécurité incendie.
Les interventions d’assistance à personnes sont en progression. Elles doivent être irréprochables, c’est pourquoi nous demandons dans nos cahiers des charges
que chaque agent SSIAP dispose d’un diplôme de secouriste de type PSE1 ou PSE2.
Le Chef de service sécurité incendie peut être aussi chargé de la sûreté dans son IGH. Cette mission complémentaire est autorisée par la loi. Nous favorisons
désormais les profils de Chefs de service sécurité SSIAP 3 expérimentés et disposant d’un diplôme de type Cycle Technique contre la malveillance CERIC CNPP. En effet, depuis 2013 il existe sur La Défense un Plan de Mise en Sécurité La Défense (PMSD) qui est une disposition
spécifique ORSEC, qui s’attache à favoriser une meilleure gestion d’un événement majeur à La Défense et a pour but de faciliter l’action des services de secours publics.
Depuis les attentats du 13 novembre 2015 à Saint Denis et à Paris et l’attentat suicide qui était programmé cinq jours plus tard dans le quartier d’affaires de La Défense, pour des raisons opérationnelles évidentes, le Préfet a désigné les PC sécurité incendie des différents établissements de la dalle pour veiller en cas d’événement majeur à l’application des consignes PMSD (mise en œuvre du confinement des occupants dans l’immeuble ou d’une évacuation prudentielle en dehors du quartier d’affaires).
On assiste donc progressivement à une convergence entre les missions de sécurité et de sûreté et les Chefs de service sécurité et sûreté IGH deviennent des acteurs incontournables dans ces domaines qui demandent du professionnalisme et une grande réactivité.
LB : Quelle est la plus grosse menace sur un grand ensemble immobilier tertiaire ?
AT : Comme nous avons pu le voir, les événements non souhaités sont principalement une atteinte accidentelle ou intentionnelle aux personnes. Les immeubles de bureaux classés IGH ne sont pas les seuls immeubles concernés. Les potentiels de dommage sont divers et nombreux. Nous nous formons à la gestion des situations exceptionnelles et nous mettons en place dans nos immeubles des processus de schémas d’alerte et de gestion de crises.
LB : Que pensez-vous de votre prestataire ?
AT : DPSA dispose d’une valeur ajoutée importante grâce notamment à ses personnels rigoureusement sélectionnés, encadrés et formés, ainsi qu’un middle management à la hauteur. Cette constante se révèle indispensable à la réussite d’une prestation et représente des atouts que vous avez par rapport à la concurrence. Les consignes sont clairement établies, les formations sont de qualité et de bon niveau. J’ai de bons retours quotidiens concernant les personnels.
Les SSIAP 2 sont pour moi les pivots de la prestation. Les équipes sont stables ce qui favorise une relation de confiance avec votre entreprise. Le turn-over des SSIAP3 est le plus pénalisant pour le suivi d’une prestation IGH, il faut s’attacher à pérenniser ces postes essentiels.
LB : Quelles seraient les améliorations à envisager ?
AT : Mon idée serait de tendre dans les grands ensembles immobiliers tertiaires vers une prestation de plus en plus globale et mieux coordonnée. Cela aurait pour intérêt d’élever le niveau de compétence des agents, de varier leurs missions et de réduire le volume total d’heures annuel. Ce nouveau type de prestation favorisera à l’échelle de l’immeuble une meilleure gestion d’un événement majeur. Il va de soi que les sociétés de sécurité privée comme DPSA Ile de France, n°1 de la sécurité incendie en IGH, qui dispose de plus d’un centre de Formation performant, sont très bien placées pour adapter ce type de service sur mesure.
LB : Le CNAPS a-t-il fait progresser la profession ?
AT : Le CNAPS a œuvré pour évincer les entreprises de sécurité non conformes vis-à-vis de leurs obligations. Ce travail devrait élever le niveau de qualité et accroitre la confiance des donneurs d’ordre. Il reste néanmoins du chemin à parcourir, le manque de moyens humains et financiers ralentissant les objectifs fixés. Malheureu-sement, un certain nombre de prestataires ne sont toujours pas à la hauteur professionnellement et juridiquement parlant. Pourtant, ils continuent d’exercer.
LB : Quels conseils donneriez-vous à ceux en recherche de prestataires ?
AT : Dans un immeuble tertiaire, les prestations de sécurité et sûreté font partie des charges locatives les plus importantes. Le gestionnaire doit justifier régulièrement de la plus-value du service assuré. Les donneurs d’ordre doivent définir à l’aide d’une assistance technique :
– que la prestation est définie avec des engagements précis, en cohérence pour le métier concerné
– qu’elle intègre efficacement les objectifs (documents, supports, clauses de performance, pénalités…)
– que soit suivi le respect des bonnes pratiques et des obligations réglementaires et contractuelles.