Interview de Geoffroy Castelnau dans le Hors-Série de PSM – Novembre-Décembre 2020

Le Président de DPSA Ile de France Geoffroy Castelnau dresse un bilan sans concession des maux que doit affronter la sécurité privée alors même qu’on a pu constater, ne serait-ce que pendant le confinement, que ces agents assurent des missions essentielles au bon fonctionnement de notre pays et de son économie.

 

Comment se porte le marché de la sécurité privée ? Quels sont les maux dont il continue de souffrir ?
Le contexte général n’est pas bon. Après G4S, numéro 1 mondial, qui avait quitté le marché français, c’est maintenant Prosegur, numéro 3 mondial de la sécurité privée, qui décide de se désengager du marché français. Ces activités pour le territoire national étant reprises par Fiducial. Comme je le soulignais dans le dernier numéro de La Lettre Bleue que publie DPSA, ce n’est pas une bonne nouvelle de constater, une fois de plus, qu’un leader mondial de la sécurité privée n’arrive pas à gagner de l’argent et jette l’éponge. Et pour les même raisons : l’impossibilité pour notre profession, mal jugée par le ministère de l’Intérieur, de mettre en place certaines règles, pourtant simples, qui nous permettraient d’assainir notre secteur : nécessaires certifications, garantie financière, formations dignes de ce nom, statut juridique des agents, limitation de la sous-traitance… Autant de propositions de la profession qui sont toujours rejetées par les services de l’Etat ou la Direction des libertés publiques et des Affaires Juridiques (DLPAJ)…

Prenons ces problèmes dans l’ordre. Pourquoi des groupes comme G4S ou Prosegur abandonnent-ils le marché français ?
Tout simplement parce qu’on ne gagne pas d’argent sur le marché de la sécurité privée en France. ou, plus précisément, sur certains marchés. En effet, certains appels d’offres encouragent une tendance à la baisse des prix des prestations de sécurité privée. Et l’Etat est loin de donner le bon exemple en la matière. Les marchés publics qui représentent, rappelons-le, 30% du marché de la sécurité privée sont toujours inscrits dans la spirale absolument délétère du moins-disant. ET ce, alors même que nos métiers tentent de structurer, investissent dans des solutions techniques permettant d’apporter une vraie plus-value à leurs prestations, tentent de former des agents… Tout cela est sidérant.

 

3 chantiers prioritaires  : la mise en place rapide de la garantie financière, un statut juridique pour nos agents, l’éradication de la sous-traitance en cascade

 

Comment expliquez-vous ce mal endémique du moins-disant dans vos métiers ? Comment y mettre un terme ?
Il faut absolument régler le problème de la sous-traitance en cascade. Aujourd’hui, des appels d’offres avec des taux horaires d’environ 20 euros pour un agent de sécurité sont sous-traités parfois trois, quatre, cinq fois, pour arriver à un taux horaire inférieur à 10 euros, parfois même payé au noir… Le GES, depuis sa création, se bat pour que soient enfin prises les mesures qui permettront de règlementer la sous-traitance et de mettre un terme à ces pratiques déviantes et anti-concurrentielles. Que nous oppose-t-on à la DLPAJ ? Un niet dogmatique avec pour seul argument : ne pas fausser la libre concurrence et le fait que ce n’est pas son rôle de nous aider ! On marche sur la tête. Alors comment faire ? …….

 

 

Geoffroy Castelnau

 

Lire la Suite de l’interview de Geoffroy Castelnau parue dans dans PSM : ici

 

 

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