Entretien avec Éric Legeron, Directeur Technique chez Protertia

Créée en 2001, volonté commune des propriétaires au moment de la construction de la Tour EDF basée à la Défense, Protertia FM est une société de Facility Management, filiale à 100% du Groupe EDF.

Protertia FM assure la gestion complète des immeubles autour de 4 grands domaines : la maintenance multitechnique, le multiservice (nettoyage, logistique, courrier, décoration florale,…), la sécurité et l’accueil ainsi que l’événementiel. Protertia FM réalise également des travaux et aménagements d’espace. Certifiée ISO 14001, Protertia FM s’occupe de 12 autres sites en plus de la Tour EDF (son siège social) et réalise un CA de 18 millions d’euros pour un effectif de 46 salariés.

Quel a été votre parcours avant de rejoindre Protertia ?

Éric Legeron : J’ai entamé ma carrière chez EDF il y a 30 ans au sein des services commerciaux de cette grande entreprise, puis j’ai intégré les fonctions supports de la R&D et enfin le Pôle Immobilier. J’ai travaillé au sein de chacune de ces 3 grandes Directions durant une dizaine d’années. J’ai rejoint Protertia FM il y a 2 ans en tant que Directeur Technique.

Pouvez-vous nous parler de votre rôle chez Protertia ?

Éric Legeron : Mon rôle consiste essentiellement à honorer les contrats signés avec nos clients. Je dois veiller, avec mes équipes, à ce que les prestations soient conformes aux cahiers des charges que nous avons signés. Je dois, dans le respect des budgets, donner les moyens aux équipes de pouvoir faire leur travail dans de bonnes conditions, en garantissant l’adéquation des emplois et des compétences. Comme toute entreprise aujourd’hui, je suis également sous la contrainte de plans de progrès qui se traduisent par la baisse de nos prix de ventes. En tant que filiale d’EDF à 100%, Protertia FM au même titre que toutes les entités du Groupe, doit participer à l’effort de réduction des coûts et en particulier ceux de l’immobilier. Il nous faut trouver le meilleur compromis qualité/coût/délai. Pour conclure, tout cela doit se faire en assurant la satisfaction des occupants.

Quel est le nombre d’occupants dans la tour, le type de population ?

Éric Legeron : La tour abrite 3000 occupants de différentes grandes Directions du Groupe EDF. Les activités exercées relèvent du secteur tertiaire. La Direction Commerce est l’occupant majoritaire avec 15 niveaux sur 40.

Quelles sont les problématiques en matière de sécurité dans cet IGH ?

Éric Legeron : Protertia FM s’est vue confier la responsabilité de mandataire de sécurité de l’IGH et à ce titre elle est l’interlocuteur unique des autorités administratives pour tout ce qui
relève de la sécurité incendie. Protertia FM garantit pour le compte du propriétaire que les dispositions relatives à la sécurité incendie sont bien réalisées. Il revient également à Protertia FM d’informer sans délai le propriétaire concernant toutes les notifications émises par les services publics. La commission de sécurité visite périodiquement la Tour (tous les 5 ans a minima pour un IGH W). Cet audit administratif et technique consiste également à vérifier le bon fonctionnement de certains dispositifs de sécurité incendie. Le service de sécurité incendie est également mis à l’épreuve pour ses capacités de réaction et mise en œuvre des consignes.
Dans un IGH, la règlementation est drastique afin de garantir une sécurité sans faille en cas d’incendie. Outre les règles constructives strictes et les obligations réglementaires exigeantes en phase exploitation qui s’imposent aux propriétaires, les occupants de tels immeubles doivent être formés. Il revient à Protertia FM de garantir la formation des nouveaux résidents dès leur arrivée et d’organiser les exercices d’évacuation. Des occupants bien sensibilisés avec un service de sécurité bien entraîné sont des atouts pour une évacuation rapide.

Quel est le risque le plus important pour vous, quel est votre dernier incident ?

Éric Legeron : Le feu reste bien évidemment le danger majeur. Les installations de sécurité incendie, les moyens de secours et les équipes de sécurité formées sont là pour organiser l’évacuation. Mais nous sommes comme le Titanic, nous ne sommes pas insubmersibles ! Et la prévention est un combat permanent contre la routine.
Nous n’avons pas eu à déplorer de risque incendie mais plutôt à faire face à des manifestants attirés par cette belle Tour qui héberge un grand Groupe. Des manifestants qui avaient réussi à pénétrer ont été bien vite canalisés, grâce à une très bonne réactivité des équipes en place.

Quelles sont les qualités essentielles d’un prestataire en sécurité humaine ?

Éric Legeron : Un bon prestataire en Sécurité Humaine doit connaître parfaitement les particularités d’un site. Il doit faire preuve de réactivité en toutes circonstances (détection incendie, secours à personne,…). Au PC Sécurité, les agents doivent décrypter rapidement ce qu’il se passe et agir en conséquence. Il faut connaître précisément les procédures de chacun des systèmes. En matière de sécurité, c’est le temps qui compte, surtout dans un IGH W2. Nous sommes ici dans une tour, qui est en fait une ville verticale.
L’excellente relation avec le fournisseur est un deuxième paramètre essentiel à la réussite d’une bonne prestation en sécurité ; la confiance est le maître mot pour une prestation de qualité.

Quelle est la valeur ajoutée de DPSA ?

Éric Legeron : La direction de DPSA a toujours fait preuve d’une très bonne écoute. DPSA se place en véritable partenaire et s’inscrit dans une démarche de plan de progrès. DPSA est toujours force de proposition, nous avons d’excellentes relations historiques.

De quelle manière sélectionnez-vous vos prestataires depuis des années ? Pourquoi avoir choisi DPSA ?

Éric Legeron : Nous mettons systématiquement nos prestataires en concurrence. Concernant les gros contrats (gardiennage, sûreté, nettoyage,…), le marché est attribué au «mieux-disant».
L’étape préalable à l’appel d’offres est le RFI (Request For Information) qui permet de sélectionner les sociétés que nous consulterons après avoir vérifié leur capacité technique et financière. L’objectif est d’obtenir un panel de 5 à 6 entreprises à consulter. Lors de l’étape RFQ (Request For Quotation), le règlement de consultation exige des entreprises qu’elles remettent leurs offres sous 2 plis séparés, l’un technique et l’autre financier. L’analyse indépendante, de l’offre technique puis de l’offre financière conduit à un classement final combinant note technique et note financière. Nous avons donc choisi DPSA qui a remporté ce challenge en mars 2013.

Vous travaillez avec DPSA depuis 11 années, vous avez dernièrement lancé un appel d’offres, pouvez-vous nous en dire plus ?

Éric Legeron : Notre contrat arrivait à échéance. La consultation s’est déroulée comme expliqué précédemment. DPSA a remporté le marché et nous leur avons confié en plus 3 sites supplémentaires. Ce fidèle prestataire a su innover pour renforcer sa position sur notre périmètre. Nous travaillons en véritable partenaire, il y a une intelligence des deux côtés, nous sommes dans un climat de confiance. Nous réfléchissons ensemble pour toujours progresser sur des actions pérennes (exemple la main courante informatique), et les paroles sont tenues. Nous allons même signer prochainement une charte relationnelle entre nos deux sociétés.

Que pensez-vous des agents DPSA et de leur encadrement ?

Éric Legeron : Avec le renouvellement du contrat, l’équipe a récemment changé. Nouveau contrat – Nouveau départ ! Le nouveau chef de site est très impliqué avec ses troupes et leur consacre beaucoup de temps. Les agents sont motivés. L’encadrement DPSA fait ce qu’il faut pour engager les actions nécessaires aux résultats attendus, NF Service oblige.

Quelle est votre vision de la sécurité privée depuis les 10 dernières années ?

Éric Legeron : La profession a fortement évolué durant ces 10 dernières années et dans le bon sens. Et pourtant, dans la presse ou à la TV, les gros titres lorsqu’il s’agit de parler de votre profession ne font référence qu’à des “affaires” ou à la chute de grands opérateurs. En clair on ne dit pas assez de bien des évolutions positives de votre métier.

Dans quelle direction doit aller le secteur de la sécurite privée ?

Éric Legeron : Vaste sujet dont je n’ai pas l’expertise, mais pour moi la direction prise est la bonne : plus de professionnalisation, donc plus de reconnaissance et à terme plus de respect. Le secteur devra intégrer les avancées technologiques sans excès. Les mentalités des clients devront aussi évoluer pour des prestations qui deviennent plus complexes et ne se réduisent pas à la simple mise en place de gardiens, surtout dans des immeubles comme la Tour EDF.

Que pensez-vous du CNAPS ?

Éric Legeron : La création du CNAPS, encore récente, ne peut aller que dans le bon sens pour le secteur de la sécurité privée. Trop souvent décriée, la moralisation de la profession doit donner confiance, il faut éradiquer les structures douteuses.

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